mercredi 2 décembre 2009

Cendrillon et le Prince (pas trop) charmant

Tout est bien qui finit (très) mal

Tout commence avec la bonne idée de voir les contes de fées se répéter sans cesse devant les yeux du Grand Sorcier en charge de la balance du bien et du mal. Il y a aussi une certaine lucidité face à l’ennui que peut engendrer cette poursuite interminable du temps qui termine toujours bien. Malheureusement, le constat de départ achevé, il n’y a pas grand-chose dans la suite qui vaille vraiment le déplacement. Cendrillon et le prince (pas trop) charmant voulait moderniser les contes de fées, les faire entrer dans le siècle de l’ironie mais il n’en est rien. Pour ce faire la seule idée des auteurs a été la vulgarité et le mauvais goût. Dommage. On pense à Shrek avec nostalgie (on attend le suivant…) en ce disant qu’au moins, l’ogre vert et sa donzelle ont des messages à faire passer et un sacré humour.

Le film se développe sur la nouvelle base que le prince charmant n’est qu’un blondinet bodybuildé sans cervelle accompagné d’un serviteur particulièrement beau, sensible, romantique et amoureux fou de la jolie Cendrillon. Celle-ci ne se qualifie pas non plus par son intelligence puisqu’elle n’a de cesse de louer le Prince charmant malgré son air idiot. On ne peut pas dire qu’en rentrant dans le XIXe siècle, la demoiselle se soit émancipée… Celle qui, dans son conte, passe de la pauvreté à la richesse grâce à la volonté d’un prince voulant épouser celle qu’il aime et non celle qu’il faut socialement, celle-là même est particulièrement condescendante envers le jeune serviteur. Elle n’est pas loin de le renvoyer à sa vaisselle. On n’attend qu’une chose, c’est qu’il la renvoie à son balai… Ca ne nous aurait pas déplu que la princesse en devenir se fasse remettre à sa place. Adieu l’humilité de la jeune fille martyrisée…

Adieu aussi la beauté des dessins de Walt Disney qui ont ravit les mercredi après-midi de notre enfance. Cendrillon a les cheveux courts et sa marâtre est aguicheuse. Une poitrine et des fesses à la Dolores (Qui veut la peau de Roger Rabbit ?) particulièrement déplacés dans ce conte dont la cible est tout de même enfantine puisqu’il n’y a pas de second degré pour les plus âgés. Dérangeant. A côté de ses deux-là, esthétiquement, c’est grotesque. Si Cendrillon et le serviteur charmant ont eu la chance d’attraper sous le crayon quelques belles expressions, les autres doivent se contenter de traits durs et de visages rondouillards. Ils ressemblent plus à des jouets en plastique à mettre dans son bain qu’à des personnages féeriques. De plus, tout au long du film, l’humour fait défaut et la seule et unique chanson (passage obligé) est dénudée d’intérêt et musicalement pauvre.

Si l’on pouvait reprocher à Walt Dinset et à Perrault d’avoir pérennisé la tradition moralisante du conte, Cendrillon et le prince (pas trop) charmant tente d’innover et nous mène finalement à la triste conclusion que devant une modernisation si niaise et sans profondeur, on retourne rapidement chez soi pour rêver devant les classiques.

Cendrillon et le Prince (pas trop) charmant de Paul J. Bolger

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