mercredi 23 juin 2010

Book

---> Le Figaro - Rubrique Culture

Des Jeunes Talents à Paris
Les Rencontres de la Villette : Les Cultures urbaines chez elles
Les artisans se réinventent
Bordeaux à l’heure de Novart
Rencontre avec Eric Schlosser, auteur de Fast Food Nation :
Zoom sur la malbouffe américaine.

---> Commeaucinema.com :

Requiem pour Billy The Kid :
Enquête lyrique dans la contrée du Kid
Cendrillon et le Prince (pas trop) charmant :
Tout est bien qui finit (très) mal

Coup de sang : Un exercice plombant sur la vie et la deuil
Delirious : Un délire en demi-teinte
Dialogue avec mon jardinier : Discussions sur la vie
Elsa et Fred : Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?
En la cama : Confidences sur l'oreiller
Fur : Le Retour de la Belle et la Bête
Komma : Une rencontre pour sortir de l'absurdité de la vie
La Faute à Fidel : Si Fidel m'était conté...
La Montagne sacrée :
Un film surréaliste sur la recherche de la vérité

Le Come-Back
Le Dernier Roi d'Ecosse :
L'apprentissage de la lucidité par l'aveuglement
Le Violon
Paprika : Une science des rêves magnifiquement épicée
Par Effraction : Prise de conscience à King's Cross
Pardonnez-moi : A la recherche du temps battu
Piccolo, Saxo & Co : Un cours de musique et de tolérance
Play : Santiago sans relief
Le Regard : Un regard pas suffisamment expressif
L'Illusionniste : Un magicien nommé Norton
Zone Libre : Un p'ti tour à la campagne sans conséquence
Ségo et Sarko sont dans un bateau :
L'un tombe à l'eau, qui reste-il ?

Critique DVD...

Dans la peau de Jacques Chirac

Carlitos Medellin

World Trade Center

Paris nous appartient


Interview de Kad Mérad et Olivier Barroux :
Kad et O nous disent tout sur l'Antotologie !

Récit de la conférence de presse pour Rocky Balboa :
Stallone ou l’adieu à Rocky

---> The Way Latina :

The Colombian way of life
Chavez ne s'en va pas

---> Exercices dans le cadre de l'IPJ :

Les comiques et Sarkozy : Le Sarko Business (02/2008)
La Halde épingle les manuels scolaires stéréotypés
Crise humanitaire au barrage des Trois-Gorges

Politique : L'Union européenne s'accorde sur un "Barcelone Plus"
Le point économique sur la crise financière (10/2008) :
- Crise, Acte II
- L'esprit européen fortifié par la crise
- Vers un nouveau capitalisme ?

Suite de la crise financière : L'Effet Obama n'a pas eu lieu

Politique : Le Ps à l'heure de la rénovation
Chronique judiciaire : Les empreintes digitales ne trompent jamais

Portrait des Swinging Sixties : Fear and Loathing in the 60's


Enquête sur les travailleurs sans-papiers :
Du piquet de grève à la régularisation (02/2009)

Tableau de la gare Saint-Lazare (06/2009)

Examen de fin de 1ère année : réalisation de deux quotidiens sur le modèle du Parisien : (11/2008) :
- Analyse de l'aciton du DAL :
"Il existe un million d'appartements inoccupés à Paris"

- Congrès de Reims : Le PS, un parti en quête d'union
- Critique du film L'Echange de Clint Eastwood :
Une femme invaincue

Examen de fin de 2ème année : réalisation d'un magazine sur le modèle de GQ (11/2009) :
- Interview d'Eric Elmosnino, rôle-titre du film Gainsbourg, vie héroïque : Un homme à fables
- Interview "à la Beigbeder" du député européen Yannick Jadot sur son parcours civil, politique, sur la préparation du sommet de Copenhague et des régionales en France :

"On ne peux pas attendre d'avoir tous les pouvoirs pour
changer les choses"

- Le Match Musique : Test de popularité entre les groupes
Daft Punk et Phoenix

- Critique DVD : Jusqu'en enfer de Sam Raimi


---> Paris Nuit :

Avril-Mai 2008
News : Il n’y a plus tout ce que vous voulez aux Champs-Elysées
Albert de Paname réactualise ses vieux vinyles

Bars : La Bellevilloise et le Mad Maker Pub

Interview : Kamini, un rappeur réaliste et engagé (chanteur)


Juin-Juillet 2008

News : Avoir 20 ans en 2008, génération Rex Club

Bar : La Belette qui tête
, Karambole Café, Café FUsain
Restaurants : Aromatik Bistrot, Music Hall, Akasen
Interview : Cet été, Joachim Garraud envahit la France (DJ)

News pro : L’éthyloste : nouvel accessoire mode de la nuit

News pro : Haro sur l’happy hour
News pro : Danser dans un restaurant ? Les hors-la-loi bientôt régularisés


Septembre-Octobre 2008

News : La première boîte de nuit écologique du monde

Restaurants : Le Petit Baïona, Va et Vient, le Faitout
Bars : 5 Paris Etoile, Forum Café, Trucmush
Interview : Gérard Louvin « On refait enfin la fête à Paris » (propriétaire de l’Etoile et de Bobin’o)

Interview : DJ Dam, un DJ à Saint-Germain-des-Prés (DJ)

Interview : Max Leonidas, le roi de la Croisette (DJ)

News pro : Nicolas Sarkozy est déterminé à obtenir une TVA à 5,5% pour la restauration

News pro : Marchez droit, vous êtes filmés

News pro : A Nantes, la nuit reprend ses droits


Novembre-Décembre 2008

Interview : Tony Gomez : « C’est dans les moments de crise que la fête devient vraiment folle » (directeur artistique du Queen)

Interview : Du nouveau à Bobin’o, rencontres avec Clara Morgane et Xavier Anthony (acteurs et danseurs)

Interview : Stéphane Pompougnac, prononcez Costes (DJ)

Restaurant : Le Porte-Pot, 10 Street, Bô Zinc

Bar : Kitch’up
, Piano Vache, Zéro Zéro Bar
Quartier : Une envolée parnassienne (ballade nocturne dans le quartier montparnasse)

News pro : Une loi contre l’alcoolisme des jeunes

Interview : Julien Allard : « Avec la décoration, on raconte une histoire » (décorateur)


Février-Mars 2009

News : Paris rêve de nuit, Paris crée le Pass Nuit

News : Et puis c’est quoi ce « drunch » ?

Interview : Pascal Brunner remonte sur scène dans un cabaret à son nom (animateur, chanteur, acteur…)

Interview : Depuis quand le Régine a-t-il emménagé à Liverpool ? (rencontre avec Jean Nipon, directeur artistique du Régine)

Interview : Julien Chicoisne : « J’aime mélanger le brut et le chic » (chef cuisinier à l’Etoile)

Restaurants : Tante Marguerite, Albarino, Watt

Bars : Bar Popincourt
, Baboto, Abracadabar
Interview : Dan Marciano, l’électro à fleur de peau (DJ)

Interview : Laurent Wolf, meilleur DJ du monde 2009

Quartier : La Chasse aux Cailles (balade nocturne à la Butte aux Cailles)

Interview : Pascal Lecouffe, l’incontournable physionomiste du Keur Samba (portier)

Interview : Stéphane Castel : « La société Ricard entre dans une nouvelle ère » (directeur régional des ventes à Paris)


Avril-Mai 2009

News : Adieu Bistrot Romain, boujour Hippopotamus

News : Ca va pas être possible de vraiment défendre cette série (rencontre avec Stomy Bugsy et Constantine Attia pour la sortie DVD de leur série « Ca va pas être possible » caricaturant les portiers de boîtes de nuit)

Interview : DJ Kim (DJ et résident à Beur FM)

Restaurants : Casa Luca, Wok Saint-Germain, Bistrot des dames et la Caravane

Bars : Bar Panoramique, César et Pick-Clops

Reportage : Dans les coulisses du Lido

Interview : Le charme discret du bartender Colin Field (barman au Bar Hemingway du Ritz)

Quartier : Ce quartier n’est pas une carte postale (balade nocturne aux Abbesses)

Interview : Cathy Guetta, reine du Stade de France

Interview : La nuit parisienne par Alain Corleone (directeur artistique du Palais Maillot)

News pro : Confirmation d’une TVA à 5,5% dans la restauration

News pro : Bachelot signe la fin des open bars

Interview : Catarina Esteves : « Le savoir-faire d’une maison de tradition associé à un concept décalé dans l’univers du vin » (responsable marketing du groupe Cellier des Dauphins)


Juin-Juillet 2009

News : La Flèche d’Or aura vécu

Interview : La nuit friendly de Stéphane Turland (directeur artistique du Banana Café)

Rencontre :
Formation Cocktails à l’Atelier des Chefs
Interview : Les premiers pas français d’Armin Van Buuren (DJ)

Interview : Leçon de dandysme caustique avec Helmut Fritz (chanteur)

Dossier : Les Incontournables de l’été 2009

Interview : Les Bonnes Vibes de Birdy Nam Nam (DJs)

News pro : La baisse de la TVA à 5,5% à la carte
Restaurants : Queenie, Les Pieds dans l'eau
Bars : Hideout Saint-Germain, Ile Licite, Le Cud


Septembre-Octobre 2009

News : Le 19 septembre, Paris assure un mix

News : Fréquentation et consommation en berne + La moitié des restaurants répercute la TVA à 5,5%

Interview : Simone, je t’ai à la bonne (Simone, elle est bonne : chanteuse)

Interview : Antoine Clamaran, un DJ entre ombre et lumière (DJ)

Restaurants : Senso, Mood, Les Amis des Messina

Bars : Le Magnifique, Frog XVI, Les 4 éléments, Lucha Libre

Quartier : Entre pubs et philosophie de comptoir (balade nocturne au quartier Mouffetard)

Interview : Patrice Strike (DJ)


Novembre-Décembre 2009

Historique des Trophées de la Nuit (15ème édition)

News : Plus que six mois pour accrocher vos wagons à la Loco

News : Une pétition pour sauver Paris du grand sommeil

Interview : Thibaud Mezard (gérant d’Advanced Audio Design, bureau d’ingénierie en sonorisation et acoustique)

Restaurant : Le Mercato

Interview : Claudio Puglia : « J’exige de la qualité autant dans la cuisine que dans le service » (propriétaire de restaurant La Romantica à Clichy, de trois Romantica Caffé dans Paris, du Barocco à Levallois et du Senso près des Champs-Elysées)

Bars : Mon Bar, Le Next

Rencontre : Wine Dating : A la recherche de son alter-ego œnologique

Interview : Alexandre Arnault dit Double A (DJ)

Février-Mars 2010 (lire en PDF)
Restaurants : Innamorati, Quai Quai, l’Aventure
Bars : Blitz Tequila Bar, La Conserverie, Au rendez-vous des Amis
Interview : Eric Kaufman (DJ)
Interview : Grand Popo Football Club (chanteur)
Interview : Miss Kittin (DJ)

Avril-Mai 2010 (lire en PDF)
News : Le Bus Palladium reprend du service
Interview : Galia (Directrice artistique des soirées OverKitsch, le dimanche, au Queen)
Interview : Gérard Siad (président du Syndicat national des entreprises gaies, SNEG)
Interview : Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence (bénévoles dans la prévention contre le sida)
Interview : La Roux (chanteuse)
Interview : Micky Green (chanteuse)
Restaurants : Napoletano Sempre, Indian Connection, Cinq Mars, Secret Square
Bars : Little Bastard, Bubble Up, le Doll

Juin-Juillet 2010
Restaurants : Marc Mitonne, Impro’Vista, Lamfé, Les Cinoches
Bars : Prescription Cocktail Club, Saint-George’s Tavern, Bar Tuileries
Interview : Michaël Canitrot (DJ)
Interview : Tonya (chanteuse)

lundi 21 juin 2010

Chavez ne s’en va pas

Avec 6,3 millions de « oui », le référendum sur la limitation des mandats électoraux ouvre les portes d’un mandat « à vie » pour le président vénézuélien. Une victoire pour le chantre du socialisme du XXIème siècle.

Les Vénézuéliens ont toujours confiance en Hugo Chavez. Avec 54,36%, ils ont approuvé la possible réélection du chef d’Etat et la liesse populaire a enflammé Caracas après l’annonce du résultat. N’en déplaise à ses farouches opposants, aux pays de droite du continent sud-américain, il va falloir faire avec Chavez. Sûr de son autorité, le président vénézuélien a fait une campagne grandiose, défendant sur tous les médias le bilan de ses dix ans de mandat. Les programmes sociaux, médicaux, éducatifs et la position du Venezuela comme cinquième exportateur de pétrole au monde… Chavez a mis en lumière toutes les facettes positives de son mandat électoral.

Lors d’une allocution télévisée du 8 janvier, il affirmait sans langue de bois : « Je le dis sans complexe aucun ; je crois que je dois rester encore au moins dix ans à la tête du gouvernement vénézuélien ». Quelques jours après les festivités célébrant les dix ans de sa première élection, le père de la révolution bolivarienne du Venezuela n’avait clairement pas l’intention de mettre un terme à son parcours politique presque idyllique dans lequel on ne trouve qu’une seule ombre au tableau : le rejet par référendum de la réforme constitutionnelle en décembre 2007 qui visait à fonder un Etat socialiste.

Dans ce projet de réforme, on trouvait déjà l’idée du renouvellement ad vitam eternam du mandat présidentiel qui était jusqu’à maintenant limité à deux. A l’époque, ses opposants pointaient du doigt le projet radical du président. Lors de la campagne pour ce nouveau référendum, les opposants ont dénoncé un acte « illégal » – bien que la loi soit du côté du président puisqu’il ne s’agissait pas de la même question – ainsi que la montée de la criminalité et de la corruption dans le pays.

« Une victoire du peuple »

Pour fêter ce changement constitutionnel historique, Hugo Chavez a prononcé un discours de victoire fleuve dont lui seul a le secret. Du balcon du palais présidentiel de Miraflores, arborant son éternelle chemise rouge, le président a déclaré : « C’est une victoire nette du peuple, (…) de la révolution. (…) La vérité a triomphé sur le mensonge, la dignité de la patrie l’a emporté sur ceux qui la nient, la constance a gagné. »

« Je jure, qu’à partir de cet instant, je vais me consacrer pleinement au service du peuple, de manière définitive » a solennellement affirmé Hugo Chavez avant de lire une lettre de l’ex-dirigeant cubain Fidel Castro le félicitant pour « une victoire incommensurable ». Libéré de ce carcan constitutionnel, Hugo Chavez peut commencer à faire des projets d’avenir et de socialisme. Pendant la campagne il avait déclaré : « Je ne peux pas dire que je suis candidat pour 2012, mais oui, je peux dire que si l’amendement est adopté, considérez-moi comme un candidat potentiel à la présidence pour 2012, parce que je sens que ce n’est réellement pas le moment pour moi de me retirer. »

Mais avant 2012 et avant la possibilité d’une éternelle réélection pouvant mener à une présidence « à vie », le président Chavez va devoir affronter 2009 et son lot de difficultés allant de l’inflation pétrolière aux nouveaux rapports diplomatiques avec les Etats-Unis transformés par l’élection de Barrack Obama. Le révolutionnaire a encore devant lui des obstacles majeurs avant de voir le socialisme prospérer sainement au Venezuela.

Les dates clés :

* Election le février 1999
* Réélection en juillet 2000 (après l’acceptation par référendum de la nouvelle Constitution bolivarienne du Venezuela en décembre 1999).
* Réélection en décembre 2006.
* Décembre 2007 : rejet par référendum de la réforme.
* Février 2009 : Référendum sur la réélection illimitée du chef de l’Etat.
* Février 2013 : fin du mandat de Chavez.

Sur The Way Latina

Le Colombian way of life

Avec 36 000 homicides par an selon certaines estimations, plusieurs guérillas et des prises d’otages s’étirant sur des années, la Colombie terrifie et intrigue. Pour les Colombiens, c’est tout naturel, c’est le colombian way of life.

« En Colombie, le crime est banalisé. Par exemple, lorsqu’il y a des problèmes de voisinage, il est plus facile et moins cher de faire tuer son voisin plutôt que de lui faire un procès. » En quelques mots, Paulo A. Paranagua, journaliste au Monde, résume l’univers colombien. De Medellin à Cartagena, des sommets des Andes aux eaux tiraillées du port de Buenaventura, les Colombiens semblent vivre normalement. Julien qui a travaillé six mois à l’ambassade française à Bogotá commente : « Cette guerre civile dure depuis 45 ans alors les Colombiens vivent avec, comme si tout était normal. Quand on les interroge, ils disent que tout va bien mais dès qu’il est question de sortir, ils deviennent tout de suite très prudents. Ils n’ont même pas besoin d’y penser, c’est ancré dans leur tête. Il faut faire attention. »

La vie des Colombiens est faite d’automatismes d’autoprotection. « Quand les gens sortent de chez eux, ils font toujours attention d’avoir quelques pièces de monnaie dans la poche afin de pouvoir donner facilement aux mendiants et éviter les confrontations » décrit une étudiante franco-colombienne. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Alvaro Uribe en 2002, les guérillas n’ont plus vraiment de pouvoir dans les villes mais le taux de criminalité dû principalement à la pauvreté est extrêmement élevé. Julien raconte : « Un jour, un employé de l’ambassade a été attaqué à 50 mètre de l’entrée de l’administration. Il a été agressé avec de la scopolamine, une drogue qui provoque l’amnésie et des hallucinations. C’est un peu un serum de vérité puissance mille. L’employé s’est réveillé le lendemain, nu, dans un fossé. Sous le coup de la scopolamine, il avait donné le numéro de sa carte bleue et tout son argent. »

Un soupçon permanent

Dans les provinces, la tranquillité est d’autant moins facile que les guérillas sont très présentes, dans les esprits comme dans le quotidien. « On est toujours en train de se demander si son voisin de bus n’est pas membre d’un groupe armé » s’amuse Julien. Paul A. Paranagua explique la peur latente qui tient en respect les Colombiens : « La population souffre de l’action de la guérilla. Il y a un rapport de force, d’oppression qui alimente un soupçon permanent. De plus, les guérillas approchent régulièrement les jeunes pour la guerre ou la drogue. 1 guérillero sur 5 qui quittent les forces armées a tout juste 18 ans. Et ils travaillent pour la guérilla depuis au moins 4 ou 5 ans. »

Malgré une nonchalance affirmée, les Colombiens vivent au rythme des guérillas. Entre les attentats aux bonbonnes de gaz, les mines interpersonnelles, les déplacements forcés – « pour ne pas rester entre deux feux » - et les menaces de mort, les citoyens ne voient pas forcément la politique sécuritaire d’Uribe porter ses fruits. Mais ils « gardent le moral ».

Rançons, kidnapping, assassinats font partie de l’histoire collective. Il y a, dans chaque famille colombienne, une histoire à raconter ; une disparition qui vient s’ajouter à la douleur des autres qui paient, attendent, enterrent et continuent de vivre. Julien conclue avec la ferveur des Français amoureux de la Colombie : « Alors ils profitent de la vie à 100%. En Colombie, on ne sait jamais ce qui peut se passer le lendemain. »

Sur The Way Latina

jeudi 3 décembre 2009

Jusqu'en enfer (DVD)

Chronique réalisée dans le cadre de l'exercice de fin d'année de l'IPJ : réalisation d'un GQ fictif mais complet. Voir l'article en PDF.

Retour aux racines démoniaques pour Sam Raimi. Vingt ans après le deuxième Evil Dead, c’est par le processus de putréfaction d’une vie humaine qu’il entend nous prouver la perversité du capitalisme. Pour obtenir une promotion, Christine, employée de banque, refuse un crédit à une vieille gitane qui lui jette un sort. La fille de la campagne se voit alors poursuivie par les pires horreurs – et par sa culpabilité – avant de tourner garce. Jouissif. C’est un pur plaisir de voir que les budgets hollywoodiens brassés pour la série Spiderman n’ont pas annihilé la volonté de Sam Raimi de nous hurler de peur et de rire.

Jusqu'en enfer de Sam Raimi

Le Match : Daft Punk Vs Phoenix

Papier réalisé dans le cadre de l'exercice de fin d'année de l'IPJ : réalisation d'un GQ fictif mais complet. Voir l'article en PDF.


Le cinéma américain recrute nos « frenchie » de la musique. Daft Punk et Phoenix s’attaquent chacun à une bande son d’un film événement de 2010. Originaires de Versailles, les six musiciens se sont connus sur les bancs des mêmes lycées parisiens. Les deux groupes, de renommée internationale, n’échappent pas à la comparaison. Qui franchira le mur du son ? Le match est électrique. Par Gaël Trévien et Marine Bedaux

Ventes d’albums
Daft Punk : Créé en 1993 par Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, Daft Punk fait exploser les ventes. Le duo a vendu plus de six millions d’albums depuis la sortie de son 1er opus Homework en 1997. Loué et reconnu mondialement, Daft Punk rafle en 2009 le Grammy Award du meilleur album électronique pour Alive 2007 et celui du meilleur single pour « Harder Better Faster Stronger ».
Phoenix : Depuis 1997, Thomas Mars, Christian Mazzalai, Deck d’Arcy et Laurent Brancowitz, ex-Daft Punk, forment les Phoenix. Leur premier album, United, sorti en 2000, ainsi que les deux suivants ne déchaînent pas les foules. L’arrivée de Wolfgang Amadeus Phoenix est précédé d’un buzz énorme aux Etats-Unis avant d’atteindre la France. On compte déjà 340 000 exemplaires vendus…

Style
Daft Punk : Adeptes de l’anonymat, les deux membres du groupe ne sortent jamais en représentation sans leur casque de moto cyber-stylé vissé sur la tête. Assortissez-y une veste en cuir serrée au corps façon motard ou des costards de couleurs flashy un rien ringard et vous obtiendrez le style Daft Punk. Un style un peu à l’ouest et robotique qui rappelle leurs sons électro…
Phoenix : Alors que le monde de la mode revisite actuellement la chemise à carreaux, Thomas Mars et ses compères n’ont, eux, jamais quitté cet emblème un peu versaillais. Cela leur permet de conserver dans l’univers du rock des airs de gentils garçons. Veste de costard sur jeans, chemise sous pull en col V, Phoenix a le look discret mais dans le vent.

Cinéma
Daft Punk : Actuellement, les Daft Punk planchent sur l’écriture et la réalisation de la bande originale son de Tron Legacy, un film de science fiction américain de Joseph Kosinski, annoncé comme l’un des évènements de l’année 2010. Il se murmure que le duo français, casque en tête, apparaîtrait carrément à l’écran…
Phoenix : Le groupe travaille actuellement sur la BO de Somewhere, le prochain film de Sofia Coppola. Rien de très surprenant quant on sait que Thomas Mars, le leader du groupe, n’est autre que le compagnon de la réalisatrice. Elle avait d’ailleurs déjà utilisé leurs morceaux pour ses films Lost in Translation et Marie-Antoinette.

Le Verdict
« One more time », avantage Daft Punk, figure de la musique électro en France, plus connu du grand public. Mais la cote de Phoenix, invité récemment sur des émissions très populaires aux États-Unis, grimpe et pourrait bien devenir « Harder, Better, Faster, Stronger »...

Phoenix, Wolfgang Amadeus Phoenix. Disponible. En tournée.

Daft Punk, plusieurs titres dans le jeu vidéo DJ Hero. Disponible. Rumeur d’un nouvel album en 2010.

L’Interview de BeigBEDAUX : Yannick Jadot

Interview réalisée dans le cadre de l'exercice de fin d'année de l'IPJ : réalisation d'un GQ fictif mais complet. Voir l'article en PDF.


Yannick Jadot : « On ne peut pas attendre d’avoir tous les pouvoirs pour changer les choses. »

Toujours en transit entre Strasbourg, Bruxelles et Paris, Yannick Jadot est un homme difficile à attraper. Après deux semaines de rendez-vous manqués et d’échanges de mails avec son attachée parlementaire, c’est un vendredi après-midi – dernier carat – qu’on arrive enfin à se joindre au téléphone. Il n’a pas beaucoup de temps à m’accorder, mon téléphone grésille à côté de mon magnétophone mais l’entretien prend enfin forme. Comme souvent, on n’a « que dix minutes » mais on discute bien plus longtemps que prévu. Il faut dire que ce tout nouveau député européen a de quoi dire. Il a cette passion politique et ce discours pas encore polissé qui définissent les « petits nouveaux ». Son combat, il y croit, et ce n’est pas parce qu’il siège maintenant au Parlement européen qu’il va s’assoir sur ses convictions. Entretien avec un ex-Greenpeace new-député siglé Europe Ecologie, déterminé à faire du Sommet sur le climat de Copenhague (du 7 au 18 décembre) un évènement historique. Parce que le monde le vaut bien.

GQ : Nous avons choisi de vous interviewer car nous aimons bien votre profil, le côté « quadra », agent de la vie civile débarquant en politique… On a pas mal entendu parler de vous lors du Grenelle de l’environnement car vous étiez, alors, l’un des principaux négociateurs. Entre nous, est-ce que les résultats peu féconds de cette réunion vous ont poussé à vous lancer dans la politique ?
YJ : C’est exactement ça. J’ai été pris d’une évidence, les associations font bien leur travail, se battent, portent des propositions et des solutions… Et face à elles, c’est vraiment le côté politique qui pêche.

QG : Comment passe-t-on de l’autre côté de la barrière ? Ca ne doit pas être facile de changer de point vue quand on a toujours été du côté des militants…
YJ : Oui, ça n’a pas été facile. Mais il faut savoir s’adapter et l’aventure Europe Ecologie m’allait bien. En organisant ce nouveau rassemblement et en obtenant plus de 16% aux élections européennes, je crois qu’on a un peu fait pour la reconstruction de l’offre politique en France. C’est une manière très enthousiasmante d’entrer en politique !

GQ : Comment avez-vous analysé ce bond en avant de conscience verte des Français aux élections européennes ? Est-ce une réaction à la politique libérale de Sarkozy ?
YJ : Je ne sais pas si la politique de Nicolas Sarkozy en elle-même a quelque chose à voir avec ce résultat électoral mais je pense que les Français en ont ras-le-bol des discours. Ils attendent des réponses. A Europe Ecologie, nous avons articulé une réponse à la fois écologique, sociale, éthique et démocratique. Je pense que c’est cela qui a marché, en plus du casting. Daniel Cohn-Bendit, Eva Joly, José Bové ne sont pas des gens qui apparaissent dans le champs politique comme des vieux routards.

GQ : Ce sont quand même des figures hyper-connues… Si ce « casting » a fonctionné, est-ce grâce à cette image de rebelles repentis ?
YJ : Pourquoi repentis ?

GQ : Quand on obtient un mandat, on se range un peu, non ?
YJ : Non, je ne crois pas. On garde la même envie de changer les choses, simplement on sait qu’il faut mettre…

GQ : Les formes… ?
YJ : Les mains dans la machine ! C’est tout de même la meilleure manière pour changer les choses. Nous sommes tous radicalement réformistes dans le sens où on sait qu’il ne suffit pas de faire des grands discours et d’attendre. Les niveaux de crises sont tels qu’il faut, tous les jours, s’efforcer de changer les choses. Bon, c’est sûr que quand on est dans un Parlement, nous n’avons pas les mêmes discussions qu’à Greenpeace ou ailleurs. Mais non, je ne crois pas qu’on se soit assagi.

GQ : OK, vous n’avez pas changé. Mais pour en finir avec le casting : comme moi, vous pensez que c’est cela qui a plu aux Français. Ce côté casse-cou, brut, ces personnalités qui n’ont pas lâchés le lien avec le réel.
YJ : Oui, tout à fait. Mais avoir un beau casting, ça ne suffit pas, l’idée c’était d’avoir des personnes avec un parcours, des expériences, un réel engagement. Pas seulement des personnes pour occuper des postes mais des gens avec des idées pour lesquelles elles se sont battues et qui continueront à se battre avec conviction et sincérité.

GQ : Depuis juin, donc, vous êtes député européen. Comment se passe cette nouvelle vie ? Comment passe-t-on de la possibilité de la radicalité de l’action pendant vos années Greenpeace à être assis au Parlement ? Et n’avoir plus que la parole pour convaincre…
YJ : C’est vrai, c’est autre chose. Maintenant, c’est un travail législatif où il est question de propositions d’amendements, de textes… C’est une approche plus complexe par rapport à la réalité. On découvre les pressions, le lobbying, les jeux d’influences… la réalité du jeu politique. Mais tous, nous continuons nos combats. Toujours. Pour ma part, c’est Copenhague. Pour José Bové, c’est l’agriculture. Eva Joly, les paradis fiscaux. Nous y travaillons toujours avec acharnement mais différemment avec la certitude que c’est par ce biais que nous arriverons à traduire nos combats dans la réalité quotidienne des citoyens.

GQ : En me renseignant sur vous, je suis tombée sur vos notes de blog sur le site d’Europe Ecologie et j’ai eu l’impression que vous touchiez à l’absurdité du mandat politique… Un univers où le sommet de Copenhague oublie presque les problématiques climatiques pour ne devenir qu’une histoire d’argent…
YJ : L’argent, c’est le nerf de la guerre. Aujourd’hui, il va falloir que le Nord assume ses responsabilités dans le changement climatique et aide les pays du Sud qui ont plus ou moins de moyens pour faire face à ces changements alors qu’ils n’y ont pas contribué ou très peu. Il est question d’aider les pays en développement à s’adapter en les orientant, par exemple, vers des solutions durables non polluantes. C’est un enjeu de justice internationale. C’est vrai qu’à un moment cela se traduit en termes financiers.

GQ : En chiffres, de combien parle-t-on ?
YJ : Ce qu’on demande à la France c’est de distribuer 2 milliards d’euros au Sud avant 2020. À titre de comparaison, l’année dernière, la France a dépensé 11 milliards d’euros dans son industrie automobile. Je ne dis pas qu’il faut enlever 2 milliards à l’automobile mais cette somme me semble peu élevée par rapport à l’enjeu.

GQ : C’est peu par rapport à ce qu’il faudra payer lorsque les catastrophes arriveront...
YJ : Exactement.

GQ : Pour l’instant, j’ai surtout lu que chaque pays montait des combines pour prendre de l’argent ailleurs afin de le redistribuer au Sud. Vous qui êtes dans le secret des préparations du sommet de Copenhague, dites-nous en exclusivité, est-ce que l’on va arriver à un accord ?
YJ : Ca va être extrêmement difficile. Mais, vous savez, ça a toujours été difficile. Cela fait trente ans que le Nord promet des choses au Sud sans jamais tenir ses engagements… Ce n’est pas nouveau mais là, en plus, la crise leur donne un joli nouveau prétexte pour ne rien faire. Ils ont sorti des millions pour sauver les banques et maintenant ils nous disent qu’il n’y a pas d’argent. C’est difficile à entendre.

GQ : Très concrètement, pour ceux qui n’y connaissent pas grand-chose, quand est-ce que seront prises les décisions ?
YJ : Cela fait quasiment un an et demi qu’on négocie Copenhague, mais les choses ont malheureusement très peu avancés parce que chacun joue à « si tel pays ne s’engage pas, je ne m’engage pas ». Tout cela est très compliqué, les américains ne sont toujours pas prêts à négocier… mais une négociation c’est aussi une aventure humaine. Souvent, lors des derniers jours, il y a une prise de conscience. On peut imaginer que les chefs d’Etats prendront leurs responsabilités et qu’ils décideront d’un accord. Ca ne sera peut être pas le meilleur accord mais il décidera de choses à peu près sérieuses. Aujourd’hui, je ne suis pas très optimiste.

GQ : Et si – scénario catastrophe – aucun accord important ne sortait de ce sommet ?
YJ : C’est possible que cela se finisse mal. Mais les évidences de la transformation de la planète sont tellement présentes que je ne vois pas comment on pourrait se passer d’un accord ! On va pousser les chefs d’Etat à faire un maximum car ce n’est même plus une simple question d’écologie. Tous les scientifiques prévoient des catastrophes.

GQ : Vous n’avez donc pas perdu espoir ?
YJ : C’est une obligation. Nous n’avons pas le choix ! Non seulement, cela va créer des problèmes pour des millions de personnes, que ce soit en terme de sécurité alimentaire ou de santé, mais tous les pays vont devoir gérer des exodes de populations car certains lieux deviendront inhabitables. Quelques scientifiques prévoient une élévation du niveau de la mer significative où même la France serait touchée. Ce sont des centaines de milliers de personnes dont il va falloir s’occuper. On est face à quelque chose d’énorme, une urgence climatique, et effectivement, nos chefs d’Etats n’ont pas l’envergure pour nous faire changer de trajectoire. En matière énergétique, en matière d’électricité… on entend beaucoup de discours où ils prétendent être convaincus mais au fond, ils n’ont pas totalement mesuré l’étendue du problème et préfèrent s’occuper d’autre chose.

GQ : Vous êtes donc venu en politique pour faire évoluer les choses… Pourquoi avoir choisi un mandat européen ?
YJ : Aujourd’hui, toutes les questions environnementales passent par l’Union européenne, l’Europe est souvent plus éloignée des lobbys que les gouvernements donc elle agit un peu plus au service de l’intérêt général. Pour lutter contre les changements climatiques, l’Europe permet de changer les choses à l’intérieur du continent (s’occuper des régions, des transports, des vraies réformes sur le bâtiment) mais c’est aussi un espace politique qui permet de s’exprimer à une échelle internationale. En siégeant au Parlement européen, on peut peser dans les discussions internationales.

GQ : Vous êtes 14 députés Europe Écologie. Même si vous vous alliez avec d’autres députés connus pour leur sensibilité à l’écologie, vous ne faites pas encore le poids pour peser dans la balance. Comment marche le jeu des alliances ?
YJ : On s’allie avec des centristes, des députés de la gauche de la gauche, des socialistes et même parfois avec des conservateurs. On ne peut pas attendre d’avoir tous les pouvoirs pour changer les choses, sinon on n’y arrivera jamais. Il faut trouver des alliés, des compromis et convaincre du bien fondé de nos idées. Si vous regardez la résolution adoptée par le Parlement sur le sommet de Copenhague, elle est à peu près en ligne avec ce que l’on défend : au moins 30% de réduction des émissions de CO2 d’ici 2020, au moins 30 milliards d’aides distribués aux pays du Sud. C’est très loin, dans le bon sens du terme, de ce que proposent les Etats. Donc là, tous groupes confondus, on arrive à obtenir du Parlement une proposition très progressiste.

QG : C’est assez rassurant de se dire qu’au Parlement européen, on arrive à faire bouger la machine. Le plus embêtant c’est de réaliser qu’ensuite, ce sont les Etats qui bloquent. Dans le cas du sommet de Copenhague, c’est flagrant.
YJ : Vous savez, en Europe, les égoïsmes nationaux font sans cesse obstacle, c’est vraiment la pire des choses.

GQ : En parlant de politique nationale, les régionales approchent. Comment se prépare Europe Ecologie ? L’alliance avec les Verts fonctionne-t-elle toujours bien?
YJ : Europe Écologie se poursuit et s’élargit avec de nouvelles arrivées et de nouvelles composantes politiques. Comme aux européennes, il y a des candidats Verts et des non-Verts, bien que nous aurons certainement plus de mal à obtenir ce que nous avions appelé la « parité » lors des européennes. En région, le poids des élus sortant est important.

GQ : Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts, est candidate en Ile-de-France. J’imaginais un choix plus culoté, un pur Europe Ecologie…
YJ : Je ne suis pas vert et pourtant j’ai fait partie de ceux qui ont poussé Cécile Duflot à se présenter. Premièrement, parce que le succès des Européennes, c’est aussi le succès des Verts. Deuxièmement, parce qu’une femme de 34 ans, qui est convaincue, sincère et qui a apporté quelque chose au rassemblement écologique européen, c’est un choix osé.

GQ : Bon, c’est vrai, je me souviens, elle a encouragé l’émergence d’Europe Écologie face à d’autres Verts récalcitrants…
YJ : Tout à fait. C’est pour cela que je crois que sa candidature est une bonne candidature. Cécile Duflot va bien avec le changement de ton autour de l’écologie. Jusque-là, ce qu’on entendait sur les écolos c’était quand même « c’est important qu’ils soient là, ce qu’ils défendent est essentiel mais globalement, on ne va pas leur filer les clés de la maison parce que cela va tout de suite être le bordel ».

GQ : Oui, c’est à peu près l’image que j’avais en tête…
YJ : Oui, mais c’est fini ça. Avec Europe Écologie, l’écologie a changé.

GQ : Et si on pousse le fantasme plus loin, peut-on imaginer une fusion totale entre Europe Ecologie et Verts ?
YJ : Ca, on verra après les régionales. Il faut d’abord qu’on gagne ces élections. Si on ne fait pas un bon score, on entendra dire qu’on ne fait pas mieux que les Verts, qu’on a gagné aux européennes parce que c’étaient les européennes et qu’il y avait Cohn-Bendit en figure de proue. Il faut qu’on confirme ce résultat. Et si on le confirme, on se posera les questions sur l’avenir et la forme que prendra Europe Ecologie. Mais on verra ça après !

GQ : Dites-moi… N’avez-vous pas l’impression de travailler pour le diable ? En France, on a tendance à diaboliser « Bruxelles ». C’est le grand méchant loup…
YJ : Cela fait partie des logiques très égoïstes dont on parlait tout à l’heure… Quand il y a quelque chose de bien, ce sont les gouvernements, quand quelque chose va mal, ça vient forcément de Bruxelles. C’est l’hypocrisie absolue de nos dirigeants sur l’Europe. Pour faire évoluer les choses, il faut agir à tous niveaux. En France, au local et au niveau européen car, oui, le cadre européen peut obliger la France à faire des choses.

GQ : Je crois que c’est à cause de ce dernier point qu’on est carrément anti-Bruxelles en France...

Biographie :
Né en 1967, Yannick Jadot commence par une formation d’économiste avant de se consacrer pendant douze ans à la solidarité internationale à travers l’ONG Solidarité Agricole et Alimentaire (Solagral). En 2002, il devient directeur des campagnes de Greenpeace France. Lors de la présidentielle de 2007, il cofonde l’Alliance pour la planète et en devient le porte-parole avant de devenir l’un des initiateurs et négociateurs principaux du Grenelle de l’environnement. Cet acteur écologiste se tourne alors vers la politique en assistant la création du mouvement Europe écologie. À l’occasion des élections européennes 2009, il devient tête de liste dans l’Ouest et est élu. Désormais, député européen, il fait partie du groupe des Verts/Alliance libre européenne qui compte 55 membres, 4e groupe politique du Parlement. Il est aussi vice-président de la commission au commerce international et industrie, recherche, énergie.

Eric Elmosnino, un homme à fables

Interview réalisée dans le cadre de l'exercice de fin d'année de l'IPJ : réalisation d'un GQ fictif mais complet. Voir l'article en PDF.

L’acteur arpentait surtout les planches, Joann Sfar l’a choisi pour incarner Serge Gainsbourg dans son premier film. Une affaire de ressemblance, peut-être ; une affaire de présence, plus sûrement. "Gainsbourg, vie héroïque" sort le 20 janvier. Début d’une nouvelle vie pour Eric Elmosnino. Vie fantastique ?

Texte et photos par Marine Bedaux et Sibylle Laurent

Il est assis derrière son café décaféiné crème. Eric Elmosnino a les yeux amusés, la voix grave et nonchalante pendue à la cigarette. Il a un air de Gainsbourg, mais pas tant que ça. C’est peut-être la barbe de trois jours, les cheveux qui s’envolent ou ce regard vaguement ailleurs. Il a le sourire facile, ne la joue pas intello. Bref, il a un air surtout à lui. Théâtreux connu et reconnu, formé au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, Eric Elmosnino a écumé les scènes locales et nationales pendant plus de 20 ans. Il a joué les plus grands – Shakespare, Molière, Musset – comme les auteurs moins familiers du grand public : Edward Bond, Bernard Bloch, Serge Valletti. Le cinéma, il y a aussi mis les pieds ; mais en passant, dans les seconds rôles. Propulsé aujourd’hui en tête d’affiche pour incarner l’icône écorchée de la chanson française, il dit découvrir ce monde qu’il ne connaît finalement pas. C’est l’histoire d’un homme qui part, impatient, à la découverte d’un « nouveau monde » ; qui va encore dans tous les sens, qui n’est pas avare de ses mots, mais les veut définitivement légers, « sinon ça conduit à des préceptes ridicules». C’est l’histoire d’un homme qui va bientôt être célèbre. Bientôt, on ne dira plus, Eric qui ? Mais Eric Elmosnino, l’homme à la tête de Gainsbourg.

GQ : Eric Elmosnino, vous avez arpenté les planches pendant plus de 20 ans. Est-ce ce côté « théâtral » qui a intéressé Joann Sfar ?
EE : Le côté théâtral, je ne sais pas. Au début, Joann Sfar voulait faire jouer le rôle de Gainsbourg à Charlotte. Mais pour je ne sais quelles raisons, cela n’a pas marché. Ce premier échec l’avait déprimé et il lui fallait repartir sur d’autres idées. Cela ne l’enchantait pas. On a pris rendez-vous au café de la Paix. Il m’a dit qu’il voulait faire un film sur Gainsbourg. Il m’a demandé si j’étais un peu fan, je lui ai dit non ; si j’étais musicien, je lui ai dit non ; si je savais chanter, j’ai dit non. Il a dit okay, super et il m’a passé un scénario en me demandant si je voulais bien passer des essais. Je l’ai lu pour voir si cela faisait envie et j’ai tout de suite dit oui.

GQ : Vous dîtes que vous n’étiez pas « fan plus que ça » de Gainsbourg. Qu’est-ce qui vous a convaincu dans le scénario ?
EE : Que ce soit clair, le Gainsbourg du scénario n’est pas le vrai. C’est un personnage inventé. Évidemment, il y a des ressemblances ; on s’est arrangé pour qu’il y ait des similitudes physiques, des similitudes d’attitudes, des similitudes historiques. Mais, j’ai ressenti cela plus comme un rêve, un fantasme, celui de Joann Sfar. C’est ça qui m’a plu, c’est ça qui m’a fait marrer et c’est ça qui a fait que c’était assez beau.

GQ : Avez-vous retrouvé dans le film l’univers de Joann Sfar que vous aviez connu dans ses BD?
EE : Oui, je crois. Je ne suis pas non plus un grand connaisseur de Sfar, mais il y a quelque chose de décalé dans son film, avec des personnages un peu oniriques qui le traversaient ; il y avait aussi des choses très enfantines, très naïves ; des choses assez belles. Je crois que ce sera surtout un film mélancolique.

GQ : Dans ce film, le fait que le metteur en scène soit un auteur de bandes dessinées change-t-il quelque chose ?
EE : La seule chose spécifique que je retiens, c’est que lorsque Joann Sfar avait besoin de donner des indications précises, que ce soit pour la costumière ou le chef opérateur, il faisait des dessins : des attitudes, des costumes... On voyait assez vite ce qu’il voulait. Il a un vrai rapport à l’image. Moi, à l’inverse, j’ai davantage un rapport au texte. Et puis, c’était joli, le regard qu’il avait. Un regard extrêmement naïf sur les acteurs. Il ne savait pas vraiment comment ça marchait mais il pige vite, ce mec est très doué.

GQ : Parlez-nous de l’ambiance sur le plateau. Comment se sont passées vos relations avec vos partenaires ?
EE : Très mal. J’étais insupportable. (Rires) En fait, la vie de Gainsbourg fonctionne en miroir par rapport aux femmes qu’il rencontre. Du coup, sur le plateau, c’était comme si j’accueillais les actrices chez moi, les unes après les autres [Laetitia Casta, Lucy Gordon, Anna Mouglalis...]. C’était très agréable de les voir arriver à chaque fois. J’étais très content, comme un enfant gâté.

GQ : Sfar dit que vous n’avez pas cherché l’imitation, que vous avez inventé votre Gainsbourg.
EE : Ce n’est pas une question d’inventer, c’est plutôt une question d’incarner. J’ai donné quelques signes de Gainsbourg, mais j’ai toujours essayé d’incarner une personne. Cette personne-là part quand même de moi, mais au fond, c’est comme un va-et-vient entre lui, moi et Joann. Je campais presque un personnage à trois têtes. Je ne sais pas si cela sera concluant à l’arrivée, mais j’aime bien l’idée qu’on laisse un espace d’interprétation aux gens ; et ne pas faire une performance, une parade où tu en prends plein la gueule.

GQ : Qu’avez-vous repris de Gainsbourg ?
EE : J’ai surtout repris les attitudes, le côté dandy que je n’ai pas, le regard un peu en biais, le menton plus levé et des petites choses sur la voix que j’ai repéré en l’écoutant chanter.

GQ : Vous êtes devenu fumeur à cause de lui ?
EE : Malheureusement, je me suis remis à fumer. C’est mon fils qui n’est pas content.

GQ : Quelle était auparavant votre image de Gainsbourg ?
EE : J’avais un peu la même image que tout le monde : les frasques télévisuelles, le billet, Withney Houston... Ce n’était pas quelque chose qui me touchait. Comme je ne connaissais pas bien ses chansons, je restais dans une image superficielle. Maintenant, quand je l’écoute, non plus pour le travail mais pour le plaisir, je trouve ça génial. J’ai découvert Melody Nelson et plein d’autres chansons superbes. En m’approchant du texte, j’ai découvert le grand artiste. Ca me touche beaucoup plus.

GQ : Vous avez pu rencontrer la famille Gainsbourg ?
EE : Non, cela ne s’est pas fait. Personne ne s’est manifesté. J’ai donc travaillé de mon côté. Quand le film sortira, on va sans doute leur demander ce qu’ils en pensent – s’ils vont le voir, après tout, je n’en sais rien. J’imagine que quand on a vécu avec quelqu’un pendant des années, tout ça, c’est un peu sensible. C’est normal.

GQ : Appréhendez-vous la sortie du film ?
EE : On va en entendre de toutes les couleurs. J’ai l’impression que chacun a son Gainsbourg. Certains vont dire « ah non, ce n’est pas le Gainsbourg que je connais »... Maintenant, j’en donne une interprétation. C’est comme jouer un personnage classique au théâtre. Si tu joues le Misanthrope ou Cyrano, tu en donnes ta vision… Sur Gainsbourg, il y a forcément des contraintes, on ne peut pas complètement inventer. Il y a certaines limites, mais ces limites sont intéressantes.

GQ : En parlant de contraintes, comment avez-vous préparé ce rôle ?
EE : Pour ce film, j’ai eu du temps, j’ai été prévenu longtemps à l’avance. J’ai plutôt tendance à ne rien faire avant, à me laisser vagabonder. Je ne rentre pas dans un processus de travail, mais je sens que ça travaille quand même. Rien que le fait d’y penser, de prendre le scénario de temps en temps, de le laisser, le reprendre... Comme une période de gestation. Ensuite, il faut aussi espérer que ça sorte le jour où cela doit sortir.

GQ : Vous avez peur ?
EE : La peur c’est ton partenaire permanent, que ce soit au cinéma ou au théâtre. Au cinéma, on peut recommencer, mais si le truc n’est pas là, tu peux bien faire 45 prises, ça ne marchera pas plus. La peur est là. Il faut arriver à sortir quelque chose qui serait juste, qui puisse exister.

GQ : Avez-vous connu des blocages sur le film ?
EE : Il y a toujours des scènes qui font plus ou moins peur. Entre 30 et 55 ans, Gainsbourg n’est presque pas le même personnage, c’est comme si j’avais joué plusieurs rôles. J’ai été aidé par le physique. On travaillait pas mal la figure - 5h de maquillage - et j’ai cherché comment le mec s’était un peu transformé, comment tout ça s’était un peu cassé, j’essayais de retrouver les sensations.

GQ : On vous avait déjà dit avant que vous ressembliez à Gainsbourg ?
EE : Ma frangine me l’avait déjà dit. C’était la seule. Mais sur le tournage, j’avais quand même des prothèses pour me décoller les oreilles ainsi qu’une prothèse sur le nez.

GQ : Le costume aide mais comment rend-on la réalité du personnage ?
EE : Pour moi, l’important est d’être dans le présent. Au théâtre, une fois que tu es entré sur scène, tu attrapes le fil, tu le déroules et tu ne le lâches plus jusqu’à la fin. C’est donc différent tous les soirs. Au cinéma, il faut à chaque fois rattraper le fil, car entre chaque prise, il se recoupe. A chaque fois, il faut retrouver l’impression d’être dans le présent sur 30 ou 40 secondes. Il faut réussir à retrouver ces petits moments de vérité.

GQ : On dit souvent qu’au théâtre il y a un lien qui se crée avec le public. Vous n’avez pas peur que ce lien disparaisse avec le cinéma ?
EE : Disparaître ? Bien sûr que non. Évidemment, quand tu es sur scène devant 800 personnes, tu as la conscience de cela, tu es bien obligé de jouer avec. Au cinéma, c’est pareil. Même si c’est devant une équipe de quinze personnes, tu sens bien quand il se passe quelque chose, que la densité de l’air change. Cela peut être sur le rire ou l’émotion, tu joues toujours devant quelqu’un. Je ressens cela.

GQ : Au cinéma, vous êtes plutôt seconds rôles. Avec ce rôle-titre, vous faites un énorme saut dans le vide…
EE : C’est vrai qu’on ne me voit jamais dans les bandes annonces ! J’ai tourné dans des films de copains comme Dupontel, Podalydès ou Bourdieu. On se retrouvait autour de projets qui nous tenaient à cœur. Effectivement, je me rends bien compte qu’il y a quelque chose qui change. Forcément, mon nom va être associé à Gainsbourg. Maintenant quand on dira Elmosnino, les gens ne diront plus : Quoi ? Qui ? Qu’est ce qu’il a fait ? Mais par contre, ça met un éclairage sur mon nom. Dans tous les cas, je sais que je vais continuer à faire du théâtre et si ce film m’ouvre aussi d’autres portes, je serai content. Je suis très preneur. Le but, c’est d’avoir le choix.

GQ : N’avez-vous pas peur du côté « bling-bling » du cinéma ?
EE : Le « bling-bling », les paillettes, c’est ce qu’il y a autour, ce n’est pas le travail que tu fais.

GQ : Il y a quand même une énorme machine de com’ qui va se mettre en branle. N’est-ce pas un peu le sale côté du cinéma ?
EE : Je ne suis pas blasé là-dessus. C’est un truc que je n’ai jamais fait, donc je suis curieux de voir comment cela se passe. C’est comme une deuxième vie de faire un film comme celui-là. Je suis tout à fait prêt à vivre ce moment. Après coup, je dirai peut-être « non mais c’est trop pénible, c’est trop chiant» ; mais je ne veux pas me faire d’idées. On verra bien.

GQ : En attendant, vous venez de finir de jouer Rabelais pour un téléfilm de France 2. Ca y est, vous êtes condamné aux biopics ?
EE : Je ne me spécialise pas dans les biopics, ça s’est trouvé comme ça. Mais je trouve formidable que France Télévisions mette de l’argent sur la table pour financer ce genre de projet qui ouvre à la littérature. On entend souvent dire que les gens n’aiment que Julie Lescaut. Évidemment, si on ne leur donne que ça ! Mais montrez-leur autre chose, vous allez voir. Vous savez, les salles de théâtre sont pleines. Les gens n’ont pas tous fait bac + 12 pour aller voir ces spectacles. Il n’y a rien d’intello. C’est juste qu’il y a des grands artistes, des grands metteurs en scène qui font des beaux spectacles. Et moi, je suis fier de travailler avec ces gens-là.

GQ : On a cependant l’impression que la parole est plus libre au théâtre qu’au cinéma…
EE : Je crois. Tu peux y monter les textes que tu veux ; il faut cependant faire attention de ne pas être dans l’unique volonté de choquer et qu’il y ait quelque chose d’intéressant derrière. Il y a encore des auteurs qui poussent loin l’analyse de ce qu’est l’humanité et l’être humain. Quelque chose qu’on ne voit pas à la télé.

GQ : En parlant de télévision, on se souvient des frasques de Gainsbourg, était-il le fruit d’une époque?
EE : Je crois qu’il faut dissocier l’œuvre de ce qu’il est lui. D’un côté, il y a son art qui est extrêmement intemporel ; de l’autre, il y a la personne que l’on voyait à la télévision. C’est différent. De même, un type comme Coluche a amené une parole plus vraie, plus honnête, plus provocatrice. Il a été important pour les années 80.

GQ : Croyez-vous qu’à une période formatée comme la nôtre, ils auraient pu avoir la même production ?
EE : L’époque a changé ; c’est vrai. Mais j’ai tendance à croire que les personnalités qu’ils étaient, avec le talent qu’ils avaient, seraient les mêmes à toutes les époques. Ils étaient de grands artistes, tout simplement.

GQ : Ce n’est peut-être pas anodin qu’à l’époque actuelle, plus politiquement correcte, de telles figures de rebelles soient érigées en icône…
EE : Sûrement. C’étaient des soupapes. Je suis sûr que cela libérait plein de choses chez les gens qui les regardaient. Soit par le rire pour Coluche, soit par l’émotion et la provocation pour Gainsbourg.

GQ : Cela passerait moins maintenant ?
EE : Peut-être. Vous voulez dire qu’on est en train de revenir à une espèce de conservatisme et de puritanisme ? C’est vrai.

GQ : Vous verriez une figure de rebelle à l’époque actuelle?
EE : Marc Lavoine ? (Rires) Ah, j’écroule d’un coup tout le raisonnement que j’ai construit ! Gainsbourg et Marc Lavoine ! Non, sans rire, il existe sûrement des gens comme ça. Serge Gainsbourg, c’était plus qu’une figure de rebelle. Je ne sais pas comment, il arrivait toujours à garder quelque chose de beau. Je crois que c’était quelqu’un de fondamentalement honnête. C’est cela qu’on sentait : parfois il était complètement à nu. Et quand des gens offrent ainsi leur fragilité, cela leur donne au fond une grande force. Je crois que les gens sentent ça. Ils sentent cette force.