mercredi 2 décembre 2009

Paprika

Une science des rêves magnifiquement épicée

Satoshi Kon, la science s’intéresse aux délires oniriques et en arrive à concevoir un casque, le DC Mini, capable d’enregistrer les rêves et de les rejouer sur ordinateur. Pour l’inspecteur, c’est une manière de comprendre ce qui le hante et peut être de trouver une solution à l’enquête qui le préoccupe. Et c’est grâce à Paprika, personnage rêvé qui aide les patients à se concentrer sur leurs expériences, que l’homme se découvre. Cet objet allait devenir un outil essentiel à la psychanalyse quand, cette technologie révolutionnaire est volée dans le laboratoire avant sa finalisation. Rapidement les problèmes commencent. Le Docteur Atsuko Chiba qui travaille sur le projet constate que certaines personnes de son entourage deviennent folles, elle décide alors de mener son enquête. Entre réalité et rêve.

Après s’être intéressé à la traque d’une jeune chanteuse par un fan fou dans Perfect Blue, Satoshi Kon nous dévoile un autre monde, plus riche, et un scénario beaucoup plus poussé. Il trace avec brio les vicissitudes propres aux rêves – avec toutes ces incohérences et ces dérobés de matières – dans une mise en scène vive qui s’incarne dans le personnage espiègle de Paprika plongeant dans les affiches publicitaires ou dans tout autre « passage » vers un autre lieu. Un personnage aux grands yeux lumineux qui virevolte comme une enfant et passe de la chrysalide au papillon.

Satoshi Kon crée aussi une farandole délirante de trompettes, de confettis et de poupées dominée par un roi euphorique. Ce cortège comme un fil rouge du film permet de constater l’évolution de ce petit monde animé de sa joyeuse normalité à sa folle absurdité. La musique qui l’accompagne devient entêtante et le rêve devient dangereux. Si les dessins retranscrivent un univers de plus en plus réaliste, ils excellent surtout dans la démonstration du délire avec des couleurs toujours plus vives – ce rouge enivrant qui semble couler sur toutes les images et ce bleu roi qui trouve sa plus belle place dans les papillons annonciateurs du danger. Un travail esthétique qu’il faut saluer et qui permet de rêver du début à la fin.

On aime tellement l’univers que le réalisateur nous a concocté qu’on y serait bien resté encore un peu plus. Entre ambiance feutrée, petite touche d’humour et suspense jusqu’à l’apothéose de Paprika, on ressort enivré.

Paprika
de Satoshi Kon
sur le site de commeaucinema.com

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