jeudi 3 décembre 2009

"Il existe un million d'appartements inoccupés à Paris"

L'association Droit Au Logement (DAL), créée en 1990, se bat pour que le gouvernement s'occupe des sans-logis. Squats, manifestations... le DAL ne relâche pas la pression au sein du Ministère de la Crise du Logement.

L'association au Droit Au Logement a encore du pain sur la planche. Marc, qui assure la permanence ce mercredi, ne voit pas encore les conséquences de la crise : « La précarité est constante mais on remarque depuis un an de nouveaux profils comme ces étudiants qui se font expulser des campus universitaires ou ces retraités qui n'arrivent plus terminer le mois. »

Cette nouvelle génération de précaires s'ajoute à une population de travailleurs qui ne s'en sortent pas : « Toutes les personnes dont le DAL soutient la demande de HLM sont des travailleurs. Comme cette femme de 45 ans, arabe, gouvernante qui gagne 1300€ par mois mais voit tout son salaire passer dans le prix de son loyer : 852€ par mois pour une chambre de 11m² avec les toilettes sur le palier. Les précaires font des sacrifices. C'est la voiture ou le toit. Le loyer ou la nourriture. »

Une privatisation de l'aide sociale

Pendant que les populations défavorisés se dépatouillent, Christine Boutin, la ministre du Logement et de la Ville se permet des effets d'annonce. Marc remarque qu'en dehors de la campagne présidentielle, les politiques sont hérmétiques au problème. « Les hommes politiques refusent tout contact avec nous. Nos actions font rire la "Mère-tape-dure" (sic) Boutin. Elle met au point une privatisation de l'aide sociale car l'Etat préfère donner une enveloppe à quelques associations et fermer les yeux sur la gestion de cet argent. Toutes les associations ne sont pas gérées par Mère Térésa. Certains vont en profiter pour payer grassement leurs salariés plutôt que de redistribuer cette aide. »

En attendant, le 115 et l'aide de l'Etat relève de l'absurde. « Si vous demandez de l'aide à une mairie, une assistance sociale vous donnera la liste des "hôtels agréés" par l'Etat. Dans les faits, ce sont des hôtels de passe où les chambres sont chères (1 000€ par mois), insalubres et sans chauffage. Les personnes qui gèrent ces hôtels n'ont aucune morale. La trêve hivernale, ils s'en foutent. »

Pour faire changer les choses, le DAL milite pour l'application de la loi de 1948 sur la réquisition. « A Paris, on trouve un million de logements libres qui pourraient être transformés en logement sociaux. Quand nous avons investi l'immeuble de la rue de la Banque, il était vide depuis 12 ans avec le chauffage allumé. »

La ministre du Logement ne répond plus

L'action du DAL a eu de grandes répercussions médiatiques l'année dernière lorsque l'association a habrité plusieurs familles dans des tentes sur le trottoir de la rue de la Banque : « Nous avons signé un protocole de relogement avec Christine Boutin. Il stipulait que les 370 familles devaient être relogées dans l'année. Résultat, 100 familles ont les clés d'un appartement. Pour les autres, le téléphone de la ministre du logement ne répond plus. »

L'association s'inquiète aussi pour son avenir. Le 5 novembre, le DAL a comparu devant le tribunal de police. « Le 24 novembre, nous saurons si nous devons payé l'amende de 32 000€ a laquelle nous avons été condamnée. Si ce jugement est confirmé, il va couler l'association et créer un précédent. N'importe quel SDF avec une tente pourrait être comdamné à 6 000€ d'amende. C'est absurde. »

L'association Droit Au Logement est attaquée pour avoir « embarrassé la voie publique »... et embarrassé la ministre du Logement en mettant au jour la précarité des Français.

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