mercredi 2 décembre 2009

Crise humanitaire autour du barrage des Trois-Gorges

Alors que les Jeux Olympiques de Pékin approchent et que la flamme du sport réveille les consciences politiques, tous les défenseurs des Droits de l'homme hurlent en chœur pour l'indépendance du Tibet. Manifestations, drapeaux, déclarations et mélange des genres… un peu plus et on confondrait Robert Mesnard avec le président d'une association pro-tibétaine. Mais les droits de l'homme ne sont pas seulement bafoués sur les plateaux himalayens. Justice expéditive, journalistes harcelés, avocats emprisonnés et populations déplacées font aussi partie du quotidien des Chinois.

La crise humanitaire qui découle de la construction pharaonique du barrage des Trois-Gorges est aussi un vaste sujet d'inquiétude pour les associations de défense des droits de l'homme. Au début du projet, les autorités estimaient le déplacement de population à 1,2 million de personnes mais ce chiffre officiel est sans cesse revu à la hausse. Florence Padovani, auteur de l'étude « Les effets sociopolitiques des migrations forcées en Chine, liées aux grands travaux hydrauliques – L'exemple du barrage des Trois-Gorges », explique que le gouvernement chinois a basé son estimation sur des statistiques datant de 1985. Le plan de relogement fait donc face à un budget nettement trop court et à une incapacité d'honnorer les promesses. Il était aussi question de placer les habitants non loin de leur province d'origine mais face au nombre croissant de migrants les autorités chinoises proposent maintenant des logements de plus en plus éloignés.

De plus, la disparité d'organisation entre la province de Hubei et la municipalité autonome de Chongquing mène à des inégalités sociales imprévues qui minent encore un peu plus le quotidien des habitants. Sans aucune raison rationnelle, le mètre carré de la province de Hubei est bien mieux évalué. « Il n'existe aucun mécanisme indépendant de dépôt de plainte pour permettre aux personnes déplacées d'exiger une indemnisation correcte, et la police a employé des moyens brutaux pour faire taire les contestations contre ce projet » rapporte Peter Bosshard, directeur d'International Rivers Networks (IRN). Les chinois expulsés pour cause de grand projet d'urbanisation se trouvent sans aucune ressource pour défendre leurs droits. Alors que les autorités présentent avec fierté le barrage des Trois-Gorges, les habitants des provinces avoisinantes sont condamnés à partir et à abandonner leurs propriétés. Et ils n'ont nul part où aller.

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