mercredi 2 décembre 2009

Le Dernier Roi d'Ecosse

L'apprentissage de la lucidité par l'aveuglement

Voulant fuir la vie trop convenue d’un jeune médecin en Ecosse, Nicholas Garrigan (James McAvoy) s’envole pour l’Ouganda par pur hasard. Bien qu’ayant quelques envies humanitaires il se laisse rapidement entraîner dans le sillage de Idi Amin Dada (grandiose Forest Whitaker), le nouveau chef d’Etat du pays.

La qualité historique du film tient certainement au passé de « documentaliste/riste » de Kevin Macdonald. Cela dit, la rigueur de narration et la mise en scène sont tout simplement exemplaire pour la réalisation d’un premier film de fiction. Il nous permet d’approcher le pays autant dans sa simplicité et sa pauvreté, au début du film, que dans les abus d’Amin. L’évolution de l’homme qui deviendra témoin devant le monde des monstruosités commises par Amin.

Le film tient aussi par le spectaculaire charisme de Forest Whitaker qui ne laisse jamais le spectateur comprendre son personnage. Entre douceur et cruauté, l'acteur récompensé dernièrement aux Golden Globes incarne toute l'ambiguïté d'un dictateur, toute la fascination qu'il est capable d’engendrer. Le roi d'Ecosse comme il se fait appeler montre son ambivalence par ses relations avec le jeune médecin. Celui-ci a quitté son pays pour partir à l'aventure et découvre en Ouganda un « paradis ». Il est bien le seul mais Nicholas Garrigan ne vit pas réellement dans le pays puisqu'il est partie intégrante de la bulle présidentielle. Ce n'est qu'à la fin, au sommet de la folie du dictateur, qu'il prend conscience des réalités, du déclin du pays qu'il pensait aider et qu'il a délaissé à sa manière en s'aveuglant face au soleil Amin dont il n'arrivait pas à détourner les yeux.

La retranscription de cette époque est excellente et le personnage inventé du docteur permet vraiment d'entrer dans l'intimité de l'homme mis ici en question. C'est un film sur une dictature qui évite de montrer la violence. Un film où le jeune européen va, malgré lui, incarner le pays tout entier par sa croyance, sa dévotion pour l'homme au pouvoir et par sa déception, son retour à la réalité violent comme des anneaux traversant la peau. Un film qui mélange Histoire et fiction pour une démonstration intelligente des abus que l’on ne devrait jamais oublier.

Le Dernier Roi d'Ecosse de Kevin Macdonald
sur le site de commeaucinema.com

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