mercredi 2 décembre 2009

Coup de sang

Un exercice plombant sur la vie et la deuil

Monsieur Valois vient de perdre sa femme. Ses journées sont toutes les mêmes : il va déposer une fleur sur la tombe de sa bien-aimée, prend un chocolat chaud au café du coin puis retrouve des amis pour jouer à la pétanque. Au fil des jours, il reprend confiance en lui tout en constatant que la vie telle qu’elle est maintenant est tout à fait sordide.

Jean Marboeuf, le réalisateur, a choisi d’utiliser le système de la caméra objective pendant les 1h30 du film. Cela pourrait se justifier par une volonté de personnaliser le point de vue du propos malheureusement, pour le spectateur, l’exercice de style tourne au cauchemar. Si l’effet de subjectivité est intéressant quelques secondes, il peut devenir rapidement asphyxiant – et comme le film fonctionne sur un compte à rebours vers un meurtre, on ne peut s’empêcher de vouloir activer la machine et, à la limite, d’appuyer nous-même sur la détente. Lorsque enfin Monsieur Valois se décide à prendre l’arme en main et à la pointer vers sa future victime, nous avons une révélation : Jean Marbœuf est peut être un fan de doom-like ! Il nous aurait imposé ce long calvaire pour pouvoir réaliser son rêve c’est-à-dire qu’il aurait pondu un film désagréable à regarder pour emballer un seul et unique plan qui nous rappelle nos soirées jeux vidéo. On ne trouve pas d’autres explications…

Le suspense du film est par ailleurs désamorcé par un manque total d’attachement aux personnages et un agacement qui augmente à chaque transition entre les journées. Ce plan panoramique sur la banlieue plombe à chaque reprise le cours du récit (déjà pas très rythmé) mais il est de plus associé à une insupportable chanson et quelques mots de poésies déclamés par la défunte. Pesant.

Derrière les mains, guides de la caméra, se cache Pierre Arditi qui apparaît tout à coup dans un miroir au milieu du film. On ne comprend pas bien pourquoi Jean Marbœuf n’a pas tenu jusqu’au bout ce pseudo-suspense. Pendant le reste du film, on reste torturé par ce regard de chien battu qu’on a aperçu et que l’on préférerait oublier. Mais le réalisateur en a décidé autrement. Maintenant qu’il tient sa tête d’affiche, il va nous la coller bien haut. Je parle ici de la scène finale, l’apothéose : la rencontre Arditi/Arditi d’un kitsch à vous couper le souffle.

Autre effet de style, le film est en noir et blanc mais laisse apparaître quelques couleurs censées rappeler le bonheur passé. Mais les couleurs sont fades et se concentrent sur la fleuriste qui va l’aider à surmonter cette épreuve. Passer du chocolat chaud au grog, de la fleur fraîche à la fleur synthétique et avoir une aventure avec une jeune fille traumatisée, voilà la version du deuil par Jean Marbœuf. Honnêtement, c’est déprimant.

Coup de sang de Jean Marboeuf

sur le site de commeaucinema.com

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