jeudi 3 décembre 2009

Vers un nouveau capitalisme ?

Le krach boursier a eu lieu. Pour les économistes, le monde entre maintenant dans l’après-krach qui se révèle être aussi tendu que l’avant. Dans cette seconde phase de la crise, il est de bon ton de s’interroger sur les causes du désastre et d’en tirer des leçons. La spéculation, qui va de paire avec un capitalisme ultralibéral, est sévèrement montrée du doigt. Face à l’opacité des méthodes dans les paradis fiscaux et les activités off-shore, la moralisation du capitalisme a du souci à se faire. L’économiste Mathieu Plane ironise : « A part en faisant couler les Caïmans, je ne vois pas comment mettre un terme à la bulle spéculative ».

Alors, on passe par la case « départ » sans toucher 2000€ et on repart comme en 40 ?

Du côté des États-Unis, cette perspective ne semble pas choquer les apôtres du tout-libéral mais l’Union européenne, forte du succès de son plan de sauvetage, a décidé de ne rien laisser passer. Lors du sommet de Bruxelles du 15 et 16 octobre, les membres de l’Union européenne ont appelé de leurs vœux un sommet mondial en novembre pour reconstruire le système financier. Nicolas Sarkozy, président de l’Union européenne jusqu’à fin décembre, veut se battre pour que « ce sommet se traduise par des décisions concrètes et pas simplement par des principes. »

A occasion exceptionnelle, retournement exceptionnel, Nicolas Sarkozy revêt avec volontarisme le costume du pourfendeur du capitalisme à tout-va. Fin septembre, à Toulon, il disait : « Le marché qui a toujours raison, c’est fini. » Vendredi, en déplacement à Québec pour un sommet Canada/UE et un sommet sur la francophonie, Nicolas Sarkozy a expliqué son propos : « Ma conviction, c’est que cette crise financière n’est pas la crise du capitalisme, ni celle de l’économie de marché. C’est au contraire la crise d’un système qui s’est éloigné des valeurs les plus fondamentales du capitalisme. » La transparence semble être le maître-mot. Encore faut-il avoir les moyens d’imposer cette nouvelle réglementation.

Le renouveau pourrait donc venir d’une reformulation des statuts de Fonds monétaire internationale (FMI). Pour Mathieu Plane, « si Dominique Strauss-Kahn arrive à faire évoluer les mentalités, le Fonds monétaire international pourrait devenir une institution internationale de régulation. On a besoin d’un œil partout. On a besoin de gérer les crises avant qu’elles arrivent et non après la tempête. »

Quelques jours après son élection au poste de directeur général du FMI en novembre 2007, Dominique Strauss-Kahn plaidait déjà pour cette évolution : « Le FMI ne peux plus se contenter d’être un gendarme qui prête de l’argent, il doit avoir une vision globale de sa mission. » Face à la crise internationale, les propos de DSK sont encore plus légitimes. Interrogé dernièrement, il réaffirme que « la finance doit être contrôlée. » « Nous sommes prêts à le faire si on nous en donne le mandat. Nous sommes dans notre rôle, et je le revendique. » L’assemblée générale qui s’est tenu ce week-end à New-York a permis de mettre en débat cette évolution entre les ministres des Finances des 185 pays membres.

Si la « moralisation du système » est entérinée, le capitalisme version 2009 pourrait être contrôlé, plus « moral » et plus à l’écoute de la population qui en a ras-le-bol de payer les pots cassés de la spéculation.

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