mercredi 2 décembre 2009

Ségo et Sarko sont dans un bateau...

L'un tombe à l'eau, qui reste-t-il ??

Après le bilan des années Jacques Chirac (Dans la peau de Jacques Chirac), l’humoriste Karl Zéro se risque au même exercice avec les deux candidats favoris de la présidentielle 2007. En piochant dans les images d’archives, Karl Zéro nous offre les portraits de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal, des portraits qui en disent long sur l’ambition de deux tigres de la nouvelle génération. Fini la voix off imitant la voix du héros de l’histoire pour lui faire dire tout haut ce que l’on pense tout bas, Karl Zéro se met maintenant en scène pour guider la narration. Costard trois pièces, cigarette et grand fauteuil près de la cheminée, l’homme présente son nouveau film dans une ambiance feutrée. Certainement une vision personnelle de son côté journaliste indépendant – qui n’a pas peur de poser les questions gênantes, ni de tutoyer tout le monde. Le procédé n’est pourtant pas très heureux. De plus, les spectateurs n’ont pas besoin d’un show mais plutôt d’un bon travail de journaliste capable de ressortir des cartons des images que l’on ne devrait pas oublier. Pour le bien de l’avenir du pays.

Des images d’archives mais surtout une analyse de cette campagne version an 2000, atterrissage dans le XIXème siècle bien contrôlé et apparition de Jean-Marie Le Pen en 2002 bien méditée. Les médias ont leur royaume et la télévision en est bien la reine impératrice. Les candidats l’ont bien compris. Une belle affiche, c’est sympa, mais saturer les chaînes télévisées par sa présence, c’est beaucoup plus efficace. Alors chacun use de ces journalistes sans cesse sur leur dos, chacun joue le jeu du in et du off, du privé que l’on dévoile en public, des sourires, des sorties en vélo avec Drucker et de tout ces petits riens qui font d’eux des hommes et qui sont censé nous donner envie de voter pour eux.

Mais bizarrement, de deux candidats on termine à un. Nicolas Sarkozy. L’animal politique, magouilleur de mandats, manipulateur des médias, digne fils de son père spirituel dont il veut prendre la place à l’Elysée. Sarkozy, l’homme sympathique en off et pugnace en in. C’est bien lui le sujet de ce long-métrage alors que son adversaire est réduite à des parallèles de temps à autres. Le portrait de Ségolène Royal est un mélange de diverses coupes de cheveux, de grosses lunettes, de fringues bien ringardes associées à un discours champêtre, de business woman qui prend tout de même le temps d’avoir quatre enfants et de présenter son petit dernier en direct à la télé. Ségolène Royal chez Karl Zéro ça commence avec une demande d’aide murmurée à l’oreille de François Mitterrand, tout juste élu président : « Est-ce que vous pourriez faire quelque chose pour moi ? ». Voila un début de carrière qui s’illustre par sa passivité alors que de l’autre côté, le Nicolas Sarkozy se rend indispensable au RPR puis à l’UMP, enchaîne les prestations sur les plateaux de télévision ainsi que les mandats et fonce vers son objectif, sans jamais regarder autour de lui.

Karl Zéro n’oublie pas non plus de parler de ceux qui entourent les deux « grands ». Il y a un peu de François Bayrou mais on (re)découvre surtout avec grand plaisir des images d’archives de José Bové (tellement hippie), Dominique Voynet (en blonde !) et surtout Arlette Laguiller, toute fraîche et mignonne lors de sa première participation à une élection présidentielle, en 1974.

Dans la peau de Jacques Chirac était le catalogue de conseils d’une bonne campagne présidentielle à la Chirac. Ici, Karl Zéro énumère les gaffes que « Sarko » ne devrait plus reproduire et les facettes de sa personnalité de feu qu’il devrait continuer à mettre en avant. Film de campagne pour Sarkozy ? Nous n’irons pas jusque là mais ce film à arrière-goût de journaliste qui se voulait indépendant et qui, pris à son propre jeu, ne sait plus vraiment comment dire non à un homme politique certainement très convaincant…

Ségo et Sarko sont dans un bateau... de Karl Zéro de Michel Royer
sur le site de commeaucinema.com

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