mercredi 2 décembre 2009

Delirious

Un délire en demi-teinte

Les Galantine, un photographe people looser mais sûr de son talent artistique, prend sous son aile un jeune SDF à la recherche d’une vie. On découvre avec joie Steve Buscemi dans un de ces rôles où il excelle le plus : déglingué, homme à sketch aux répliques savoureuses et solitaire autant par envie que par défaut comme dans un film des frères Cohen ou de Jarmush. Ici, il s’éclate dans un premier rôle, une place qu’on lui donne trop peu souvent. A ses côtés, le style Kurt Cobain de Michael Pitt fonctionne à merveille. Cheveux longs, sales et yeux pétillants, celui qui incarna l’abstraite représentation du chanteur grunge dans Last Days de Gus Van Sant symbolise ici une génération perdue mais débrouillarde en quête de rêves.

On aime la philosophie de Les Galantine qui croit en lui malgré les constants revers du milieu people. On aime les certitudes d’« artiste » de l’homme qui vient présenter son travail à ses parents qui ne comprennent rien à son métier. On aime une belle scène de dispute dans un restaurant désert où Toby refuse de s’asseoir à la même table que Les qui vient de lui prouver toute l’immoralité de son travail qui est passé avant une promesse d’amitié.

Malheureusement, Tom Dicillo veut raconter un conte de fée et dans un monde underground à la bande son rock ‘n’ roll il fait intervenir le people à paillette qu’on aimerait qu’il dénigre mais qu’il regarde bizarrement avec envie. Téléréalité et midinettes gâchent au fur et à mesure un monde qui l’on trouvait plus savoureux dans sa simplicité. Bière, lunettes loupes et costumes froissés, les deux hommes représentent une force de vie souriante dans toute sa paranoïa et son indicible espoir.

Les maladresses de Toby le SDF dans le milieu pailleté sont odieusement craquantes mais on en veut au réalisateur de perdre le jeune idéaliste dans ce monde superficiel. Car si la première partie du film est un agréable moment de complicité entre deux hommes paumés, la suite déçoit. A vouloir écrire un happy end amoureux, Tom Dicillo délaisse ce qui faisait le sel du film : un duo. L’évolution attendue de Toby dans le monde des stars n’apporte malheureusement aucune critique à ce milieu. Seul l’amour pour la blonde pourrie gâtée semble faire vivre la nouvelle star. L’amitié est loin derrière. Pour une fois, on aurait aimé que le prince charmant laisse tomber la princesse pour retrouver un ami qui malgré ses défauts et erreurs est tout de même celui qui le premier l’a regardé droit dans les yeux.

Le délire du titre s’illustre dans une première période tendance underground avant de prendre une autre forme. Une dernière photo ne saurait réconcilier le spectateur avec le film. On ne suit pas toujours le délire de certains auteurs.

Delirious de Tom DiCillo
sur le site de commeaucinema.com

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